Sous un soleil de plomb


Lady H me dit qu'il était temps que je me prépare...Je contenait avec peine mon impatience devant cette injonction. Elle avait décidé que j'enfile mon catsuit intégral gris métallisé; «  celui couleur de plomb ! » avait-elle dit . Elle avait aussi choisi de l'associer à un superbe masque à gaz danois de la même couleur qui; de la bibliothèque qui surplombait mon lit semblait n'attendre que de se plaquer sur mon visage.
Lady H s'assit à son bureau sans un regard tandis que dans la pièce voisine à la porte grande ouverte je m'enveloppai du latex souple et brillant qui glissait comme un voile le long de mon corps. Seule le gros chat noir nonchalamment étendu sur le lit me considérait de son œil vert, mi-incrédule, mi-indifférent..
Tandis que je me lovais dans ma seconde peau , je ne pensais qu'à une chose ; retrouver la troublante et profonde étreinte des cordes de la veille.
Une fois totalement moulé de la suave sève de l'hévéa, Lady H et Sappho me demandèrent de chausser mes « boots plateforme ».
Elles me conduisirent à l'étage.
Lady H m'appliquât le masque et fixa avec précision et autorité chaque lanière de telle sorte qu'il devint une partie de moi même.
Elles me dirigèrent sur la terrasse qui surplombait la ville.
Un pale soleil, voilé par intermittence de lourds nuages poussés par un vent frais, jetait un éclat d'argent sur mon corps de plastique le transformant en une sorte de moulage de plomb.
Lady H prépara un chapelet de cordes noires .
Bien vite les liens dans un souffle vibratile entourent mes poignets dans mon dos , enlacent mes bras et tournoient avec force autour de mon torse, chacune de leur morsure fait oublier la précédente, sans douleur, dans un resserrement toujours plus intense, plus rien ne me détache de la concentration de la subtile tisserande qui maille après maille , nœud après nœud me libère de tout ce qui m'entoure.
Plus rien ne vibre, plus rien ne compte; mes sens s'exacerbent tandis que chaque fois j'envisage avec plus d'acuité encore sa silencieuse et ferme application.
Je perd conscience de toute autre réalité que celle du temps lourd comme du métal qui se suspend, je m'égare dans le ciel d'étain à peine coloré de la rougeur des briques des maisons alentour .
Parfois une rafale un peu plus forte du vent ou un claquement de l'extrémité du lien qui m'enlace me rappelle au monde, avant que je ne replonge dans mon délicieux abandon . Mon esprit rejoint mon corps dans une sorte d'ivresse qui me fait tituber.
Elle ne dit rien mais je ressens sa force, sa dextérité, je me sens transpercé et je bascule dans un fleuve de sensations assourdissantes qui m'emportent très loin de moi même, réconcilié, apaisé, offert à l'envahissement d'une onde immense de plaisir qui me submerge.

3 commentaires:

  1. très belle photo, très beau texte, encore une belle expérience !!! :-)

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  2. les photos sont tous cool, j'aime bien, maintenant je suis claire pourquoi mon petit ami aime bien les collants

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