"Thérapie"

Je me suis réveillé, comme en apnée ce matin au milieu de cauchemars qui sont toujours les mêmes depuis deux nuits et si semblables à d'autres depuis bien des précédentes .
Je me suis demandé si je n'étais pas réellement dépressif, au sens littéral du mot, comme aspiré vers le bas par un trou d'air , une espèce de tornade qui emporterait toutes mes amarres ...
Tout mes petits expédients n'y font rien et ce n'est pas le chocolat noir, les framboises la cigarette ou le vin rouge qui vont me sauver , il m'en faudrait de trop grandes quantité et je fini vite par en avoir des hauts-le-cœur .
Quant à aborder des substances plus rudes je m'y suis toujours refusé et je ne me sens pas encore assez malade pour y céder .
Je me suis vraiment posé la question de cette dépression que je pourrais traverser depuis plusieurs mois au grès des vicissitudes de mon couple et de mes doutes au point de me demander si je ne devait pas même , à mon âge entreprendre une psychanalyse que j'avais commencé jusqu'à m'enfuir au deuxième rendez-vous, réalisant que l’espèce de médecin de l’âme que j'avais devant moi ne comprenait pas grand chose de plus que moi et ne finirait par me dire que ce que j'avais envie d'entendre.
Il y a quelques jours une amie avec laquelle j'ai longtemps discuté et dont la franchise et la clairvoyance valent bien davantage que celle de ces singes diplômés, m'a fait comprendre beaucoup plus de choses sur moi  que je ne pouvait l'imaginer.

Vendredi alors que je revenais par le train de l'enterrement d'une jeune femme qui avait beaucoup compté pour moi , j'ai entrepris la lecture d'un ouvrage qui me semblait correspondre à l’état de mon esprit.
Une jolie brune était assise à coté de moi et regardait par dessus mon épaule; elle me  sourit et me dit:
" Vous lisez David Lodge ? J’aime beaucoup cet auteur il parle avec tant de vérité de notre époque et de notre société malades de nos questions "
" Oui " lui répondis-je, " j'ai entendu plusieurs extraits de ce livre à la radio et j'ai presque eut un choc tant il me semblait que c’était moi le personnage et l'auteur, j'ai eu alors une envie irrésistible de le lire"
" Vraiment ?" répondis t'elle avec un sourire charmant et comme malicieux, " il me semble que vous êtes sévère avec vous-même,  vous avez manifestement bien des raisons de ne pas craindre la comparaison , enfin pour ce qui est du personnage principal bien sur ..."
J'ai du rougir comme un petit garçon à ce moment ce qu'elle ne manqua pas de voir .

Je compris alors que je tenais ma thérapie, celle de poursuivre une écriture plus personnelle et sans concession, sur moi  et mes tourmentes; une écriture que j'avais commencé depuis prés d'un an sous la forme d'un journal plus intime que celui que je livre ici; une écriture comme a cœur ouvert, directe et sans ménagement .
L'écriture comme une thérapie salutaire !