Ecrire...

Curieuse chose qu'est la vie au moment où je retrouve le chemin de ce journal depuis un an sans y avoir rien écrit, tant de choses s'étaient passées avant et tant de choses ce sont passées depuis pourtant, si ce n'est le temps de la sagesse c'est au moins celui de l'apaisement . L'écriture est en moi toujours , elle est mon quotidien comme elle l'a été dans les moments de ma tourmente intérieure; elle le reste dans ces moments de paix mais aussi de vide et la seule chose qui vaille finalement. 
Je ne regrette rien et je regrette tout , sauf ce que j'ai vécu de beau et sans attendre rien de demain et sans désespérer de demain par je ne sais quel est ce comique optimisme qui est toujours en moi. 
Je pensais depuis plusieurs jours à ce curieux livre de Pascal Quignard "Les tablettes de buis d'Apronenia Avitia". Il s'agit d'un journal anodin d'une noble romaine du quatrième siècle, qui ne semble vivre que par son quotidien; son argent, ses plaisirs, ses repas son sexe, alors que l'Empire Romain s’effondre autour d'elle sous le coups des barbares.
Il y a bien des parallèles que je pourrais faire avec notre vie, avec ma vie, en ce moment troublé et alors que tant de choses si importantes bourdonnent autour de moi, je me sens comme flotter dans une sorte de futilité à la fois puérile et salvatrice. 
Je ne suis pas guéri de la soif de découvrir qui m'a hantée dés que j'ai décidé d'ouvrir ce journal, je reste presque le même sans être dupe de ces futilités je les prends pour moi . 
Beaucoup de ce que je vois maintenant me fais sourire, les amitiés factices, les besoins de circonstance, l'agitation démesurée que nous procure ce souci exacerbé d'exister, d’être vu, d’être admiré. Je me suis laissé prendre à ce piège, volontairement et consciemment comme pour passer le temps et combler le vide de ce qui manque de ce qui est essentiel; partager à deux le lourd et doux chemin de notre humanité.
Je croyais que ce monde que j'ai voulu traverser dans ce blog était diffèrent du monde ordinaire; il n'en est rien il peut être aussi décevant qu'enthousiasmant. Et pourtant j'y ai trouvé aussi des trésors, si certains se sont enfuis ils restent en moi; il est donné à peu d'hommes de vivre ses passions et certains de ses fantasmes.

J'ai longtemps pensé que je devait supprimer ce journal comme beaucoup de choses que j'avais alors entrepris; mais je crois que je vais poursuivre. Je ne crois plus aux étoiles, je continue seulement à marcher sous le ciel qu'il y ait le soleil ou l'orage.
Et je pense à cette belle phrase de Pablo Neruda; " Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap lorsqu'il est malheureux au travail ou en amour,celui qui ne prend pas de risque pour réaliser ses rêves , celui qui, pas une seule fois dans sa vie n'a fuit les conseils sensés. Vis maintenant. Risque-toi aujourd'hui..."