Ces chers disparus, chapitre 1.


Ecrire au sujet mon gout du fantasmagorique et fétichisme demande plus d'efforts qu'on ne l'imagine, il faut un peu de temps et d'imagination et au-delà de tout cela de l'envie qui m’avait longtemps quitté par excès sans doute de désillusions.

Et pourtant et c'est sans doute cela la passion, je n'ai rien oublié, rien abandonné et je ne regrette finalement pas grand-chose de plus de dix années de tribulations, d'amours avortés, d'amitiés remisées.

Je me suis enfermé dans un silence volontaire mais pas indifférent et pour les nombreux vrais amis qui me restent, je leur reste fidèles.

De tout ce temps que reste-t-il de ces stars connues ou moins connues qui nous étourdissaient dans leurs tenue en latex ? Eva Longoria en jupe noire léchant un fouet ? Lady Gaga en robe à frou-frou rouge saluant la Reine d'Angleterre, ? Lio au festival de Cannes ?

Et que reste-t-il de tous ces modèles qui faisaient les beaux jours de la scène fetish, ces Psylocke, Susan Wayland,  Ancilia Tilia, Kay Morgan et les Miss Marquis France ?

Et que dire des soirées ? combien ont disparu, souvent à mon plus grand regret ou sont en voie de disparition, et il n'est pas certain que le Covid 19 n'ait raison des quelques-unes qui résistaient. Et que dire de toutes ces publications sur le latex devenues confidentielles et de ces photographes de ces créateurs? J'aurais l'occasion de revenir vers vous.

Peut-être, comme me le disait un ami fort averti, que le fétichisme de ces années 2000-2010 est moribond.

Mais mon propos d'aujourd'hui n’était pas dédié à cette nostalgie vieillotte, on a toujours tendance à penser que c’était mieux avant et souvent on fait erreur; je pense que le fétichisme se réinventera, il existe une relève il ne faut pas désespérer mais il y aura aussi un après-mars 2020.

Mes chers disparus vous êtes de ceux que j'ai croisés, en qui j'ai cru et si je n'ai aucune rancune je n'oublie rien et ce billet je te le dédie à toi mon "ami". S'il te prend la fantaisie de me lire je suis certain que tu te reconnaîtras.

Je me souviens de ton amitié chaleureuse lors d'une de ces soirées où je n'étais pas trop dans mon assiette; on y célébrait celle qui m'avait accompagné; que j'avais poussé sur le devant de la scène et qui me quittait. Nous avions passé du temps ensemble, sympathisé et j'avais un temps oublié ma peine.

Nous nous somme revus souvent, longtemps, soirées entre amis, soirées fetish privées, shooting, multiples rencontres.

J'aimais ces moments, même quand tu baisais les modèles avec lesquelles je faisais des photos, même quand tu débarquais avec ta moitié chez moi le moral en berne pour me parler de tes déboires sexuels et accessoirement photographiques avec tes modèles.

Tu  y trouvais les lits faits et la table mise, tu pouvais fumer mon tabac et  boire mon whisky . Je t'écoutais conter par le menu, comment celle-ci avait fini par écarter les jambes pour toi et ta femme et comment celle-là avait eu l'ingratitude de ne prendre cela que pour un jeu...

Et puis un jour tu m'as dit que tu ne souhaitais plus de cette amitié, car j'avais commis la faute de ne pas pouvoir t’héberger et te véhiculer gracieusement à une soirée parisienne pour laquelle tu avais fait l'avance des billets. La gratuité on s'y habitue vite et on oublie que certaines choses comme l'amitié n'ont pas de prix.

Tu fais partie de ce passé que je regarde sans trop de nostalgie, sans ressentiment et même avec une petite pointe d'ironie mais cela valait bien cet hommage avant de revenir à l'essentiel; le latex.

Pour illustrer ce billet j'ai choisi une image de la fin du Montréal Fetish Weekend de 2014. Pendant l'été la rue Sainte-Catherine se pare de guirlandes roses qui illustrent la liberté de mœurs et la fête qui anime cette belle ville. C'est toujours un pincement quand on la quitte et que les guirlandes de boules roses sont déposées comme après Noël et on se dit que peut-être on y reviendra même si rien ne sera pareil.

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