Toi qui pensais avoir atteint les limites du masochisme tu ne
t’attendais pas à cela.
Oublie la fessée, la claque, le crachat, le cinglant de la
cravache, le feu du fouet. Tu t’es pourtant essayé aussi aux marques des
cordes, aux lacérations de la peau sous les coups de lame. Tu as vu plus fou
encore ; les crochets qui rentrent sous la peau et soulèvent du sol, les
fils barbelés le marquage au fer, les scarifications amputations, dévorations…
Finalement tu es plutôt douillet, tu préfères la souffrance
cérébrale, l’humiliation l’insulte. Tu acceptes d’être toujours le dernier et d’ouvrir
ton portefeuille à défaut de lui ouvrir les cuisses ; alors tu
pourrais aimer cela.
Va en Australie, il y a là-bas un restaurant ou le must est
de se faire insulter par le personnel. Le rêve non ? Toi qui aimes faire
des selfies de tous tes plats, toi qui te délectes à te transformer en critique
culinaire, toi qui jubiles à dézinguer ce petit con qui a tardé à te donner ta
troisième corbeille de pain ou a servi tes frites tièdes ; tu vas pouvoir juste
pour un repas inverser les rôles.
Car si le personnel a le droit d’être odieux toi tu dois te
soumettre, fini les « le client est roi » ; « ici qui
paye ? » et autres postures de petit chef outragé. Et le succès
est fulgurant, on s’arrache le concept et il faut réserver longtemps à l’avance
pour avoir une table. Bon on dit que la nourriture est excellente ;
dommage. Le must aurait été de servir aussi des plats abjects, les balancer sur
la table, de renverser des sauces sur des convives hilares en les traitant de
gros porcs engraissés et libidineux et pour un prix prohibitif, mais l’idée est
déjà plaisante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire